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STATUAIRE DU XXe SIÈCLE

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L’église Saint-Quentin de Wirwignes s'est enrichie dans le premier tiers du 20e siècle de nouvelles statues, et notamment d'un bel ensemble provenant de l'atelier du statuaire Georges Bernardi établi à Boulogne-sur-Mer et dont d'autres église du boulonnais conservent des statues (voir liste en bas de cette page)

Mais quelles sont-elles et dans quel contexte ont-elles été créées et acquises ?

 

 

L’église Saint-Quentin de Wirwignes est particulièrement bien dotée. Elle possède dix statues de Bernardi. A noter que cinq de ces statues étaient remisées dans le local technique de l'église et ont été ressorties et réinstallées dans l'église par l'association des amis de l'église, avec l'accord du prêtre.

Photos des 10 statues ci-dessous. Pour aller directement à la suite du texte cliquez ici 

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Le Sacré-Cœur de Jésus

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Sœur Marie Bernard 
(Bernadette Soubirous a été béatifiée le 14 juin 1925 et canonisée le 8 décembre 1933 par le pape Pie X)

Soeur Marie Bernard Wirwignes.HEIC

Notre Dame de Lourdes

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Saint Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars

Saint Jean-Marie Vianney Wirwignes .HEIC

Sainte Thérèse de Lisieux

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Sainte Thérèse de Lisieux

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Sainte Jeanne d’Arc

Sainte Jeanne d'Arc Wirwignes.HEIC

Saint Joseph

Saint Joseph Wiriwignes.HEIC

Saint Silvestre

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Saint Antoine de Padoue

Saint Antoine Wirwignes.png
texte suite

C’est à l’Abbé Baheux que l’église doit son patrimoine. Le 5 février 1928, il bénit la grotte de Lourdes qu’il vient de faire construire et y plaça la statue de Notre-Dame de Lourdes de Bernardi.  

En 1932, Georges Bernardi restaura le chemin de croix de Paul Lecoutre. 

En 1933, un généreux donateur offrit des statues de Bernardi à l’église : celles de Sœur Marie Bernard, de Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars et du Sacré-Cœur. La Croix du Pas-de-Calais se fait l’écho de la bénédiction le 10 décembre par M. le Doyen de Desvres des statues « de notre grand artiste boulonnais M. Bernardi. » puis du « splendide sermon » de l’abbé Bellenguez et enfin de la projection à la salle Saint-Bernadette du film La Vie merveilleuse de Bernadette, édité par la Maison de la Bonne Presse ( Archives Diocésaines ). 

Cette salle paroissiale avait été créée par l’Abbé Baheux grâce aux 10 000 francs donnés par les souscriptions des Wirwignois.

Pour mieux comprendre ce qui est en jeu ici, il faut se reporter à l’époque de la Troisième République. Plusieurs mesures anticléricales furent votées :

  • Entre 1880 et 1904, lois interdisant l’enseignement aux congrégations, 

  • Décrets du 29 mars 1880 ordonnant l’expulsion des Jésuites de France et mesures de contrôle des autres congrégations qui provoquèrent l’expulsion et la dispersion à l’étranger de beaucoup,

  • Loi Waldeck-Rousseau de 1901 qui soumettait l’existence des congrégations à une demande d’autorisation,

  • Loi du 7 juillet 1904 supprimant les congrégations enseignantes.

La loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905 est le point culminant de sa politique de laïcisation de la société. Elle se manifeste en particulier par un inventaire des biens de l’Église et des églises.

 

Voici ses grandes lignes sur le site de l’État :

1.     Le contenu de la loi

La loi de 1905 proclame en premier lieu la liberté de conscience : "La République assure la liberté de conscience". Elle a pour corollaire la liberté religieuse, la liberté d’exercice du culte et la non-discrimination entre les religions.

Elle pose en second lieu le principe de la séparation des Églises et de l’État : "La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte". Elle met fin au Concordat instauré en 1802 qui régissait les relations entre l’État et les cultes. Jusqu'alors, l’État reconnaissait quatre cultes (catholique, réformé, luthérien, israélite) qui étaient organisés en service public du culte. L’État payait les ministres du culte et participait à leur désignation ainsi qu’à la détermination des circonscriptions religieuses. Les autres cultes n’étaient pas reconnus.

L’État se veut désormais neutre. Il n’y a plus de religion légalement consacrée. Tous les cultes sont traités de manière égale.

2.     Le régime de séparation

Le régime de séparation a plusieurs conséquences, prévues par la loi :

  • le budget des cultes est supprimé, à l’exception de ceux relatifs aux aumôneries des lycées, des hospices, des prisons, etc. Les aumôneries sont autorisées pour permettre le libre exercice des cultes dans les lieux publics fermés ;

  • les établissements publics du culte, jusque-là chargés de la gestion des cultes, sont remplacés par des associations cultuelles, créées par loi. Ces associations doivent avoir pour unique objet l’exercice d’un culte. Elles ne peuvent pas recevoir de subventions publiques. Leurs ressources doivent provenir de l’argent des cotisations d’adhésion, des quêtes et des collectes pour l’exercice du culte. L’Église catholique refuse toutefois de constituer ces associations, qui ne reconnaissent pas l’autorité de l’évêque. En 1923, un compromis est trouvé et des associations diocésaines, placées sous la présidence des évêques, sont constituées ;

  • les règles concernant le régime de propriété des édifices cultuels sont redéfinies. Restent propriétés de l’État, des départements ou des communes, les édifices religieux qu’ils possédaient avant la loi (notamment ceux nationalisés en 1789). Les édifices religieux qui appartiennent aux établissements publics du culte sont, pour leur part, attribués aux associations cultuelles. Toutefois, devant le refus de l’Église catholique de créer de telles associations, une loi de 1907 prévoit que tous les édifices catholiques deviennent propriété publique. Ils sont mis à la disposition des fidèles et des ministres du culte. Quant aux édifices postérieurs à la loi de 1905, ils sont la propriété des associations cultuelles ou diocésaines qui les ont construits.

Source : https://www.vie-publique.fr/fiches/271400-la-loi-du-9-decembre-1905-de-separation-des-eglises-et-de-letat

 

Le Pape a immédiatement condamné la loi, provoquant la rupture des relations entre la France et le Saint-Siège. La fabrique de Wirwignes rédige, dans son dernier procès-verbal le 10 décembre 1906, une protestation contre l’État et l’affirmation de sa fidélité au Pape, en conclusion de leurs années de fonctionnement comme fabrique .

 

L’Abbé Lecoutre avait rédigé une lettre à joindre à l’inventaire effectué le 10 mars 1906 

( Archives Départementales, 15 V 584 ) qui témoigne de tensions : « Si après le refus d’ouvrir à l’agent des finances, nous ouvrons à vous, M. l’agent des domaines, nous cédons à la violence morale exercée sur nous par la mise en demeure de Mr le Préfet et nous voulons éviter les manifestations parfois regrettables des paroissiens avertis et très indignés. » (orthographe moderne pour le confort de lecture)

Il signe avec les fabriciens : « MM. Masset, Harlé, Duflos, Ferton, Lacheré, fabricants ».

 

Ce sont des chocs à répétition pour les Catholiques qui se sentirent persécutés et menacés dans leur foi et peinèrent à se réorganiser. La Grande Guerre entre pertes humaines et destructions vint encore plus les bouleverser. 

 

Le premier tiers du XXe siècle a été marqué par une grande piété portée par trois grandes figures : le Sacré-Cœur, Jeanne d’Arc et Thérèse de Lisieux. Ce sont les statues qui ont exprimé leurs convictions et leurs espoirs, provoquant une évolution générale du décor des églises pendant ces années. Le succès et la diffusion de la statuaire religieuse d’édition en France ont été exceptionnels : elles apparaissaient au cœur des cérémonies, missions, fêtes et inaugurations de la vie paroissiale. Elles permettaient de réaffirmer la foi des Catholiques face à l’anticléricalisme et au socialisme. 

Les Républicains n’étaient pas en reste et étaient aussi atteint de « statuomanie » : monuments aux grands hommes, cérémonies et discours se multipliaient.

En 1870, après le Vœu national et l’érection de la basilique de Montmartre, un grand mouvement de prière pour la régénération morale et religieuse de la France avait traversé le pays et de nombreux autels au Sacré-Cœur avaient été inaugurés à cette époque dans les églises. Le pape Léon XIII, en consacrant le monde au Sacré-Cœur en 1899, en renforça le culte , suscitant de nouvelles acquisitions de statues. Sa signification associait étroitement foi et patrie. Le Sacré-Cœur, promu par les autorités religieuses, était une réaction à la loi de séparation et aux différentes lois antérieures. Le Pape procède également à de nouvelles béatifications : celle de Jean-Marie Vianney le 27 mai 1906 et celle de Jeanne d’Arc le 18 avril 1909.  

Jeanne d’Arc a connu un écho très fort dans le décor des églises en France. Avant 1909 ses statues étaient réservées à l’espace privé ou à des représentations monumentales. Après 1909, elles se répandent dans tous les catalogues des statuaires et dans toutes les églises. Le modèle le plus répandu est celui de la statue de Jeanne d’Arc d’André Vermare pour l’église Saint-Louis des Français à Rome qui avait reçu l’approbation du Pape Pie X. 

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Jeanne d’Arc d’André Vermaere à Saint-Louis-des-Français de Rome, photographie de Charles Guthlin, 15 IX 2017

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Couverture du Pèlerin, n°1678, 28 février 1909

Le Sacré-Cœur et Jeanne d’Arc devinrent les défenseurs de la Patrie au début de la Grande Guerre et suscitèrent une piété immense, comme la Vierge et Saint Michel. Les statues servaient de supports au mouvement de prières pour les soldats et la Patrie.  A la fin de la guerre, elles furent encore plus célébrées comme supports de la commémoration de la victoire.  La librairie de la Bonne Presse (celle du film sur Bernadette Soubirous ) offrait dans son catalogue tout le matériel pour les célébrer. La canonisation de Jeanne d’Arc fut prononcée le 16 mai 1920. 

 

Le dernier grand succès des statuaires de cette période fut Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. L’église de Wirwignes possède, comme toutes les églises françaises, sa statue et même deux. Le modèle ici est celui de Louis Richomme, père Marie-Bernard, approuvé par le Carmel de Lisieux. 

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Sainte Thérèse de Louis Richomme, Église Saint-Pierre à Saint-Julien, 1922                                  

Le monument aux morts de Wirwignes

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Source Wiki Pas de Calais

Le monument aux morts de Wirwignes, érigé derrière le choeur de l'église,  participe du même mouvement de commémoration de la victoire et aussi de mémoire des soldats. Installés sur un escalier, un calvaire montre le Christ en croix, à ses côtés sur deux piédestaux, la Vierge et Saint Jean. Devant eux, un soldat sans casque (posé à côté de lui) repose sur le sol retourné d’un terrain de guerre mais avec encore son fusil et son sac, la main sur le cœur. Sous le calvaire, une inscription : « Dieu protège la France 1914-1918 Priez pour les glorieux enfants de Wirwignes morts au champ d’honneur ».

Il s’agit du Soldat Mourant de Jules Déchin.

Après des études à l’École des Beaux-Arts de Lille où il était né en 1869, Jules Déchin fut admis à celle de Paris, dans les ateliers de Jules Cavelier et d'Henri Chapu.

Lauréat du prix Jean-Baptiste Wicar  il réalisa et vendit ses œuvres en France et partout dans le monde.

Après la Grande Guerre, il réalisa de nombreuses statues pour les monuments aux morts. On trouve dans le catalogue du fondeur Durenne plusieurs modèles de son Poilu Mourant. Ils furent acquis par de nombreuses villes et villages.

 

Le Soldat Mourant de Wirwignes fut fondu par Prouvost-Denonvilliers de Tourcoing, spécialisée dans la statuaire religieuse. On peut lire leur fiche sur e-monumen.net.

Un article sans référence conservé aux Archives Diocésaines rend compte de l’inauguration du monument aux morts de Wirwignes.

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Source Wiki Pas de Calais

Autre statues Bernardi

Autres statues de Bernardi

 

Plusieurs statues sont encore conservées dans d’autres églises du Pas-de-Calais :

 

  • Statue de Saint Benoît Labre – Église Saint-Nicolas- Boulogne-sur-Mer

Sculpture en plâtre moulé, peint polychrome, H 135 x l 37 X pr 31

Signée Bernardi Saint-Omer, antérieure à 1920

Notice P.O.P. Michèle Rougier 1996 )

 

  • Statue de la bienheureuse Jeanne d’Arc – Église Saint-Denis- Saint-Omer, chapelle de l’Ange Gardien

Sculpture en bois peint et en plâtre moulé, polychrome, doré, 120X 82 ( 153 avec le socle )

La statue est signée M.RAFFL/PARIS et sur le socle BERNARDI, à St-Omer, entre 1909 ( béatification ) et 1920 ( canonisation ) ( Notice P.O.P. Julien Marasi, Bruno Decrock 2010 )

 

  • Groupe sculpté ( petite nature ) : Sainte Bernadette, avec un chapelet, agenouillé devant l’Immaculée Conception sur un rocher – Église Saint-Nicolas- Boulogne-sur-Mer

Sculpture en plâtre moulé, peint polychrome, 230 x 180 X 70

Signée Bernardi Boulogne-sur-Mer,  « entre 1920, date de sa venue à Boulogne-sur-Mer et 1939 »

Notice P.O.P. Michèle Rougier 1996 )

 

  • Statue de Sainte Philomène, Église Saint-Georges de Crochte ( Nord ) Photographie P.O.P. 1993 de Pierre Thibaut

 

  • Saint-Sulpice de Lumbres

 

  • La décoration et la statue actuelle de Notre-Dame de la grotte de Lourdes de l’église de L’Immaculée-Conception de Wimereux ont été réalisées par Georges Bernardi en 1939. Il s’agissait d’une restauration et d’un réaménagement de la chapelle qui a été déplacée de la chapelle de la Vierge vers la chapelle des fonts baptismaux. La statue était alors couronnée  

( voir le site https://sauvonsleglisedewimereux.fr/2017/05/14/la-chapelle-notre-dame-de-lourdes/ ).

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Mairie de Wirwignes

8, Rue de Crémarest

62240 WIRWIGNES

 

amis.eglise.wirwignes@gmail.com

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