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HISTOIRE DE L'ÉGLISE

HISTOIRE DE L'ÉGLISE EN BREF

(voir ci-dessous un historique plus complet)​

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Un texte monastique de Thérouanne évoque l’église de Wirwignes en 1119. Une première église aurait existé entre le clocher et le chœur actuels. Il en resterait la cuve des fonts baptismaux et quelques maçonneries.

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Agrandie, l’église est dotée d’un clocher. Une pierre datée « 1617 » a été retrouvée, témoin de l’ancien clocher. L’église était sans doute une église fortifiée, apte à protéger les villageois des troubles de l’époque. 

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Pendant la Révolution, les églises furent désaffectées et connurent d’autres usages. L’Abbé Cousin, curé de Wirwignes, témoigne, en 1861: « L’église fut, comme beaucoup d’autres, en but à bien des profanations. Elle fut dévastée, dépouillée puis on y fit du salpêtre. »

 

Dès le retour de l’église au culte en 1802, son état pose problème et nécessite de nombreux travaux. 

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L’Abbé Paul-Amédée Lecoutre est nommé à Wirwignes en 1863 et après un Pèlerinage en Terre Sainte en 1867, commence en 1869 « la réalisation du plan de réparation, construction et agrandissement de l’église ». 

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Il agrandit d’abord la nef en abattant ses murs et en construisant huit chapelles latérales jusqu’en 1873. D’abord côté sud avant d’entreprendre la construction des chapelles du côté nord. Il les pave, en construit les autels et les décore entièrement. Il complète le pavage en marbre de la nef qui avait été réalisé avant lui.

Il agrandit ensuite le chœur en déplaçant et prolongeant le banc de communion. 

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En 1874 il surélève la nef à hauteur du chœur et du clocher avec une charpente neuve, puis il en peint et décore les murs et le plafond.

En 1877, sur proposition de l’abbé et selon ses plans, la municipalité fait appel à un architecte pour reconstruire une tour et un clocher dont les travaux s’achèvent en 1880.

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L’Abbé Lecoutre poursuit les travaux intérieurs jusqu’à sa mort en 1906 : installation des vitraux, nouveau chemin de croix, une nouvelle chaire en marbre, dallage intégral en mosaïque de marbre des murs, sculpture des statues extérieures des pignons des chapelles, des statues intérieures dont celles de l’arc triomphal, des chapiteaux et peinture de paroles bibliques.

Après ses travaux ne subsistent de l’ancienne église que le chœur et une partie du clocher.

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Lucie Caron, une jeune fille de Wirwignes, est guérie lors d’un pèlerinage à Lourdes en 1923. Une des chapelles de la Vierge est remplacée en 1928 par la grotte de Notre-Dame-de-Lourdes.

De nombreux travaux de consolidation et de réfection s'enchainent jusqu’en 2022.

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Deux arrêtés en 1982 inscrivent plusieurs objets au titre des Monuments Historiques et le 2 mai 2006, l’église est inscrite en totalité à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

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L’église aujourd’hui présente de nombreuses dégradations et un diagnostic a été établi en 2022 pour définir les travaux de conservation et de restauration nécessaires.

HISTORIQUE DÉTAILLÉ DE L'ÉGLISE SAINT-QUENTIN
Historique détaillé de l'église Saint-Quentin de Wirwigne

Préambule

 

Aucun ouvrage n’a jamais été publié sur l’histoire de l’église. On trouve des archives d’articles de presse consacrés à l’église et tous ceux que nous avons consultés comportent des informations fantaisistes. 

Cet historique est le fruit de recherches menées au titre de l’association sur des documents authentiques et comprend des informations inédites à notre connaissance. 

Si vous possédez des informations sourcées, orales ou écrites, merci de nous les communiquer et nous les inclurons dans cet historique.

La recherche continue et cet historique sera sûrement amené à s’étoffer.

Sources

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L’église de Wirwignes a perdu ses documents anciens pendant des inondations dans l’église et dans le presbytère. Il faut donc recouper des textes épars pour reconstituer son histoire. 

Les textes sont plus abondants au XIXe siècle mais l’historique de l’église se fonde essentiellement sur deux sources : les archives municipales de Wirwignes et les Archives Départementales ( AD622O113146 ) pour les documents municipaux et les Archives Diocésaines pour les lettres et les Registres Paroissiaux. Ces textes sont cités entre guillemets et dans leur orthographe et ponctuation. 

Le plus important contributeur ecclésiastique est l’Abbé Constant Cousin qui est le desservant de Wirwignes de 1858 à 1863 : il a en particulier répondu aux enquêtes menées sur l’état du diocèse par Monseigneur Pierre Louis Parisis, Évêque d'Arras, Boulogne et Saint-Omer.

 

Les noms des personnes citées dans cet historique sont repris avec des précisions, quand disponibles, sur la page Index des noms propres.

XIIe siècle

 

Daniel Haigneré dans son article « Quelques chartes de l’abbaye de Samer, recueillies et publiées avec un commentaire onomastique et topographique » des Mémoires de la Société Académique de l’arrondissement de Boulogne-sur-Mer (1) évoque la dîme payée par Wirwignes

( Willewyna, Wilwina ) à l’abbaye de Samer en 1173 et 1199 et dans "Deux chartes inédites du Chapitre de Thérouanne", le Privilège du pape Calixte II du 19 mai 1119 signale l’ ecclesia de Guiliguina  dont les chanoines de Thérouanne avaient l’autel. Le privilège a été confirmé par Adrien IV en 1157 et Alexandre III en 1179. 

L’implantation de l’église était donc antérieure au début du XIIe siècle et sans doute construite sur les terres défrichées dans les forêts de Desvres et Boulogne-sur-Mer, à l’initiative des moines de Samer.

Les formes les plus anciennes du nom de la ville sont donc  Guiliguina, Willewina et Wilwina. Les graphies varient avec les copistes, d’origines linguistiques différentes ( le français dit « guerre »,», là où l’anglais dit « war » et « Eustache »  devient « Witasse » dans les textes anciens ). Daniel Haigneré ne sait pas retrouver l’origine du nom. Je propose ici une explication par le vieil anglais : on sait que de nombreux villages du Boulonnais ont des noms qui viennent de la vague d’invasion saxonne du Ve siècle après J.C. Si Wirwignes a été créé à ce moment, on pourrait expliquer la première partie du nom WIR par will, le ruisseau, l’eau et le second, WIGNES par wic, la maison, le village. Wirwignes serait le village du ou des ruisseaux, en l’occurrence, la Liane et le ruisseau de la Haute Faude. Un argument en faveur de l’hypothèse est l’existence dans le Yorkshire, dans la Grande-Bretagne saxonne, de la ville de Wellwick. D’autres villages boulonnais ont leurs double en Grande-Bretagne comme Hardelot et Hardley dans le Hampshire, Sangatte et Sandgate dans le Kent, Bouquinghen et Buckingham.

Émile Gérard, l’ingénieur consulté par lAbbé Lecoutre pour ses travaux au XIXe siècle, pensait qu’une première église existait sur le lieu de l’actuelle église, entre le clocher et le chœur. Il en resterait la cuve des fonts baptismaux et quelques maçonneries dans le bas du clocher.

On trouve dans le mur sud de l’église quatre fragments de dalles de grés, sans doute du XIIIe siècle.

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(1) Tome XII, 1880, pages 89 sqq.

12e siècle
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15e16e siecle

XVe-XVIe siècle

 

Le chanoine Haigneré, dans son Dictionnaire historique et archéologique du département du Pas-de-Calais (1) évoque « un édifice du XVe ou du XVIe siècle » restauré et agrandi par l’Abbé Lecoutre au XIXe siècle. Émile Gérard fonde la même datation sur l’observation du lavabo situé dans le chœur, à droite du tabernacle. 

Le clocher existait en 1617 : le chanoine Haigneré dans son Épigraphie du Pas-de-Calais  (2), et son successeur Roger Rodière, en 1914, font état d’une pierre datée « 1617 » : ce serait le « témoin de l’ancien clocher » : « La partie sud de la tour avait été exhaussée d’un étage supérieur contenant la cloche et d’une flèche en charpente. Dans ce clocher, on voyait la chambre de guetteur avec cheminée, traces de charbon, briques usées par le feu ; une pierre blanche, dans cette salle, portait, encadrée entre deux lignes, la date : 1617. Cette pierre a été conservée dans la démolition, mais elle s’est effritée ; on ne voit plus que le 7. Deux anciennes poutres du clocher, qui ont resservi dans la nouvelle tour, portent le millésime : 1677. L’une gravée, l’autre au crayon. » 

Les mêmes auteurs font état d’une ancienne dalle funéraire du XVIIe siècle. C’est celle de Jeanne de Bécourt. Elle est toujours dans l’église, mais dans la tour alors que nos auteurs l’ont vue dans la nef. Son inscription est presque effacée mais nos deux auteurs ont copié cette inscription :

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CY GIST LE CORPS DE JENNE

DE BECOURT VIVANT DAME

DV BLAISEL FEMME DE JEAN

DV BLAISEL CHAVALIER

SEIGNEUR DV HAVT BLAISEL

WIRWIGNES ET AVTRES LIEVX
LIEVTENANT DVNE COMPAGNIE

DE DEVX CENTS CHEVAVX

LEGERS POVR LE SERVICE DV

ROY LAQVELLE DECEDA IIE

JOVR DAOVST 1664 PRIES

DIEV POVR SON AME

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Une note précise qu’elle a été copiée par l’Abbé Haigneré en 1849 et vers 1885 par Victor Jules Vaillant. Une copie qui serait déposée au presbytère donnerait la date de 1644.

Il faut sans doute penser que l’église était une église fortifiée, apte à protéger les villageois des troubles créés par les Espagnols et des multiples guerres avec les rois d’Angleterre. 

A noter qu’il y avait alors à Wirwignes deux châteaux : le château de Quenneval et un manoir, sans doute celui de la Lombarderie. La communauté protestante était aussi importante à Wirwignes comme dans tout le Boulonnais comme l’établit Alain Joblin dans son livre Les Protestants de la Côte au XVIIe siècle ( Boulonnais, Calaisis ).

 

(1) Tome II, 1882, pages 433 à 437.

(2) Tome III, fascicule 4, « Canton de Desvres », pages 550-554.

(3) Publié chez Honoré Champion en 2012. 

18e siècle

XVIIIe siècle

 

Les Archives Départementales du Pas-de-Calais gardent le procès-verbal de réception, du 24 novembre 1780, des travaux réalisés à la maison vicariale et à l’école par Monsieur Giraux Sannier, architecte  de Boulogne-sur-Mer (1). 

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Le curé est alors l’Abbé Dewatines et son vicaire, Monsieur Bultel

L’Abbé Cousin raconte que l’Abbé Dewatines est mort, à 63 ans, en 1783 et qu’il fut enterré par le curé de Crémarest. Il explique aussi à l’évêque que les vicaires s’occupaient exclusivement du catéchisme et de la tenue de l’école. Ils pouvaient exceptionnellement remplacer le curé pour les actes des baptêmes et mariages mais en prenant « soin de mettre dans l’acte qu’il agit en l’absence et avec la permission de Monsieur le Curé ». 

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Ces travaux avaient été confiés à un architecte renommé : Giraux ou Giraud Sannier, né au Mont Lambert en 1721 et mort en 1804, a réalisé ou restauré de nombreux édifices dans le Boulonnais : ainsi on peut citer le château d’Hesdin-l’Abbé, la reconstruction de celui de Pont-de-Briques, le Palais Impérial de Boulogne-sur-Mer, le château de Doudeauville, celui de Recques-sur-Course, de Colembert et aussi de nombreuses églises ( Saint-Nicolas de Boulogne-sur-Mer, de Guînes, restauration de l’Abbaye de Samer ). Son Livre de comptes ( années 1765 à 1798 ) se trouve à la Bibliothèque Municipale de Boulogne-sur-Mer (2)

 

On trouve trace en novembre 1789 de réparations faites en tuiles sur le toit de l’église par Monsieur Bled, couvreur à Samer (3)

 

(1) Série 2B.

(2) Manuscrits, Deuxième Supplément, Cote 472-1056, Coll. Louis Geneau 1-81.

(3) Archives Départementales du Pas-de-Calais, cote 10H5.

 

Révolution Française

 

En 1783, Philippe Bouloy avait été nommé par le chapitre d’Ypres à la cure de Wirwignes. Ses vicaires sont Monsieur Devisse, Monsieur Gore, Monsieur Leprêtre et Monsieur Ducrocq pour Wirwignes et Questrecques, qui est alors son annexe.

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Le 19 novembre 1792, le culte catholique fut supprimé. L’Abbé Cousin raconte : « L’Abbé Bouloy sans faire de résistance fit le serment puis se mit officier civil pour la rédaction des actes de la mairie, fonction qu’il remplit pendant deux ans. Il s’oublia plus encore, il se maria civilement en 1794, continua d’habiter le presbytère qu’il avait acheté et vécut ainsi jusqu’en 1808 ( il mourut le 29 octobre ). Vers 1799-1800, il ouvrit un petit pensionnat de garçons et fit l’école aux enfants du village jusqu’à sa mort. Toutefois on lui rend cette justice que jamais il ne chercha à nuire ( et à entraver ) les prêtres qui vinrent se dévouer pour le bien de la Paroisse en ces jours mauvais ni à Monsieur Faudier nommé titulaire en 1803. » 

Philippe Bouloy signe bien les actes de la commune de Wirwignes, conservés aux Archives Départementales du Pas-de-Calais : « Philippe Bouloÿ officier public ». 

Son acte de mariage date du 23 Frimaire an II, soit le 13 XII 1793 : on y lit que « Philippe Bouloÿ, officier publique  […] élevé le 9 décembre dernier pour rédiger les actes destinés à constater les naissances, mariages et décès des citoiens » ne peut rédiger son propre acte de mariage. C’est François Serry qui marie Philippe Bouloy, « ci devant curée de Wirwignes », 42 ans, « fils d’Antoine, propriétaire de la commune de Bourthe et de Marie Anne Fauchois » avec Marie Françoise Gertrude Fisset, 34 ans, fille de Renée Robert, « ancien Capitaine du Boulonnois » et de Marie Madeleine Lagaise, seigneur de Quenneval à Wirwignes.

Sa présence à Wirwignes gêne le doyen de Desvres qui, dans le compte rendu d’une de ses visites après la Révolution, note : « Il n’y a pas de presbytère à la disposition des habitants ; il est aliéné au profit de l’ancien curé qui est marié et qui l’habite. Monsieur le desservant s’est fait construire une maison qui lui a coûté 4000 francs et il n’a que cent francs pour son logement. » Le desservant était l'abbé Faudier

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L’Abbé Cousin raconte comment l'église fut traitée pendant la Révolution. On sait que les églises furent désaffectées et connurent d’autres usages : Temples de la Raison, magasins, dépôts, prisons ... L’Abbé Cousin écrit à Monseigneur Pierre-Louis Parisis : « L’église de Wirwignes fut, comme beaucoup d’autres, en but à bien des profanations. Elle fut dévastée, dépouillée puis on y fit du salpêtre. » « Le mobilier entier de l’église et de la sacristie fut ou enlevé ou détruit. Le maître autel seul ne fut que mutilé et resta. Il n’échappa que deux statues dont la tête avait été fendue à coups de hache. Elles furent conservées jusqu’à M. Magnier ( 1840 ) qui ne pouvant plus les laisser dans l’église à cause de leur état de vétusté, les fit enterrer en lieu convenable. La cloche fut aussi respectée. Cassée en 1843, elle fut remplacée la même année par une nouvelle cloche. » N’a été épargné qu’un vitrail « au fonds de l’église, représentant N.S en croix, ayant à ses pieds la Ste Vierge et St Jean ». L’Abbé Cousin note aussi une « pierre tumulaire » avec une inscription : « Ci gist le corps de Jeanne – de Bécourt, vivant dame - du Blaisel, femme de Jean – du Blaisel, chevalier, seigneur du Hault Blaisel – Wirwignes et autres lieux = lieutenant d’une compagnie de deux cents chevaux légers pour le service du roy lequel décéda le 1 = jour d’Aoust 1644 – Priez = Dieu pour son âme ». La pierre est toujours dans l’église, dans la tour, à droite en entrant.

On peut se demander si l’Abbé Cousin ne force pas le trait. Quand Monseigneur Parisis, au terme d’une tournée, établira la liste des églises en difficulté, il ne notera pas Wirwignes.

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 L’Abbé Cousin précise : « Le principal auteur de ces spoliations sacrilèges fut un nommé Lehoyer Lebrun, qui vint de Boulogne avec quelques mauvais sujets enlever ce qui avait quelque valeur. Deux habitants du village se joignirent à eux. Le 1er était un nommé Feutry dit La Source et le 2e un nommé Delattre. Ces deux malheureux prenaient plaisir à pourfendre les statues de saints qu’ils appelaient les immobiles, ajoutant à ces sacrilèges mille autres plaisanteries les plus grossières que nous n’osons redire ici. Mais aussi la main de Dieu s’appesantit sur eux d’une manière si frappante et si terrible que le souvenir en est encore vivant dans la paroisse et les vieillards n’en parlent qu’avec un souvenir de terreur. ( J’ai entendu sur ce point 8 personnes dignes de foi qui ont connu les deux misérables ) Le sieur Feutry resta 14 ans dans son lit immobile et dans le plus triste état, ne pouvant faire usage d’aucun membre et accablé de toutes les infirmités. Le second eut une agonie de huit jours pendant laquelle il poussa des cris si effrayants que les voisins en étaient terrifiés. Tous deux tourmentés de douleurs et d’infirmités qui rappelaient leurs plaisanteries sacrilèges. »

L’histoire est édifiante.

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La paroisse reçut cependant les services de plusieurs prêtres non assermentés : Messieurs Allan, vicaire de Boulogne, Antoine Calais, Dutertre et Leblond. L’Abbé Cousin s’attarde plus sur le premier.

Les messes étaient clandestines et surtout célébrées « à Eclogne, à la ferme de la Bouffeterie », chez la famille Quéhen dont le fils était officier d’Empire et a pu renseigner l’Abbé Cousin.

Révoution française
19e siècle

 

XIXe siècle

 

Après le Concordat de 1801, Monsieur Allan est nommé curé de Wirwignes mais, malade, il meurt à Boulogne, dans sa famille.  Monseigneur de la Tour d’Auvergne nomme alors à Wirwignes Monsieur Faudier, prêtre assermenté, vicaire à Calais, puis curé de Louches de 1797 à 1802, enfin vicaire de Desvres jusqu’en mars 1803. Il a du mal à s’imposer à Wirwignes en raison de son serment à la République et de la présence de Philippe Bouloy. 

Le 22 janvier 1806, le registre de la mairie de Wirwignes enregistre une dépense pour l’église : « à payer sur les droits de la commune 36 francs a compter laquelle journé a été payé 18 francs a Guilbert de Samer pour ouvrages faits a l’eglise » 

 

Le doyen de Desvres, Monsieur l’Abbé Lefebvre, note en 1808 : « Wirwignes il y a une église qui a besoin de réparations assez considérables d’abord au toit il y pleut à plusieurs places deux pillier qui menacent ruine une grande partie du carelage à refaire. » 

Le même constat se répète en 1809. Le doyen note aussi que la cuve baptismale est cassée et que l’eau baptismale est dans une bouteille, ce qu’il désapprouve vivement à deux reprises, mettant en cause l’insouciance des marguilliers.  Il signale également « une chaire de verite bien faite et solide ». 

En 1812, la municipalité demande un devis à Alexis Desgardin et Pierre Grégoire de Baincthun pour une couverture du chœur en pannes (1) et le 23 mai, un devis de l’entreprise Durieux-Delhaye de Samer (2) pour une couverture de la nef en ardoises anglaises et pour la consolidation des piliers intérieurs et des contreforts. 

Les devis n’ont pas été acceptés ou peut-être seulement le premier : le Mémoire d’Émile Gérard, l’architecte des constructions de l’Abbé Lecoutre, date de 1820 la couverture du chœur en chaume.

Quêtes et dons permettent cependant à l’Abbé Faudier de se procurer l’indispensable. Il meurt le 27 octobre 1825. 

 

La cure reste vacante jusqu’en novembre 1826 où Monsieur Lonquety est nommé. Il réussit mieux et commence des réparations mais sa santé l’oblige à se retirer le 15 juillet 1830, à Belle, chez sa sœur où il meurt quelques mois plus tard.

 

Monsieur Dausque est nommé en avril 1831 et il continue les projets de son prédécesseur : le toit en paille est remplacé par un toit en ardoises et « à la suite de ce travail quelques améliorations furent faites à l’intérieur et quelques achats de mobilier. » La commune, les dons et les quêtes permettent ces travaux.

 

Déplacé le 20 février 1835, l’Abbé Dausque est remplacé par l’Abbé Ducrocq qui continue les travaux et les achats : il « fit enlever le plancher de la hte église, le fit remplacer par une voûte en plafond de genre ogival parfaitement en rapport avec les fenêtres », « s’occupa d’achats de linges ». 

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Le 18 juin 1836, le Conseil Municipal de Wirwignes accède à une demande de secours du conseil de fabrique et entérine le devis de l’entreprise de Monsieur Durieux de Samer pour 3455 francs. 

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M. Delattre, maire de Wirwignes écrit en 1837 au Ministre de la Justice et des Cultes que l’église est « dans un état de délabrement qui menace ruine » (3) et demande de l’aide.

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Le 23 avril 1837, par autorisation de l’évêque, Monsieur Magnier bénit une croix que Louis Marie Duflos a fait édifier sur sa propriété.

Le conseil de fabrique (4) écrit au sous-préfet et au préfet afin d’obtenir une aide. 

Le 6 août 1837, le Conseil Municipal accède à la demande du sous-préfet mais exprime son mécontentement devant ce qui ressemble à une mise en demeure.

Il s’agit d’une « réparation aux murs, plusieurs éperons doivent y être rétablis pour la consolidation desdits murs. Le toit du chœur est entièrement à reconstruire. Le plancher est pareillement à refaire à neuf ». La fabrique prend en charge le coût des réparations « des toit et fenêtres de la Basse église ». Les comptes montrent les soucis d’équilibrer le budget de la commune alors qu’elle vient de s’engager dans la construction d’une « maison d’école ».

Le remplacement de la couverture de chaume de la basse église revient dans les délibérations. Une demande de secours est envoyée à la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe.

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Le 1er juin 1839, l’église est inondée par la Haute Faude et l’Abbé Magnier demande du secours à la reine Marie-Amélie (5)

Le 17 juin, c’est le presbytère qui est inondé : l’Abbé Magnier évoque dans le Registre Paroissial un « orage affreux, tel que de mémoire d’homme on n’en avait vu en ces contrées ». La perte des grains et récoltes de la commune, « estimée à 120 000 francs » est doublée de celle des archives de la Fabrique et des curés.

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L’Abbé Ducrocq est nommé à Frencq en octobre 1839 et est remplacé par l’Abbé François Alexis Magnier, vicaire à Bourthes puis curé à Zoteux et Bécourt. 

L’Abbé Cousin raconte : « Presque aussitôt après son arrivée, il fut question de réparer la partie basse de l’église. Monsieur Magnier fit tous ses efforts près des Fabriciens et du conseil municipal pour les porter à changer cette partie de la basse église et de la réédifier en tout point semblable au chœur, ce qui eut fait dans l’ensemble un magnifique vaisseau. Ses efforts furent vains. L’administration d’alors ne favorisait guère, il est vrai, les restaurations dans le style ogival, en fit donc le pitoyable travail que l’on voit aujourd’hui : une voûte (en plafond) à plein cintre, petites fenêtres du même genre – ouvrage d’autant plus regrettable que la dépense pour le faire réédifier convenablement ainsi que la réparation de la tour n’aurait pas entraîné un surcroit de dépense considérable pour la commune qui en faisait les frais. » 

L’Abbé Magnier fait paver le chœur en 1840 « en carreaux rouges » grâce à des dons venus de Boulogne-sur-Mer.

Monsieur Magnier écrit dans son Registre Paroissial, qu’il « fit baisser la tour » et « substituer à l’argile un pavé en carreaux rouges » mais il ne put entreprendre des réparations dans la basse église, faute, écrit-il, « MM. Les Fabritiens et conseillers municipaux » qui refusèrent « d’élargir le vaisseau pour mieux placer les autels latéraux et élever les nouveaux murs à la hauteur de ceux du chœur. » Les deux curés sont bien d’accord. L'abbé Lecoutre réalisera leur souhait d'agrandir et surélever la basse église.

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Le 8 mai 1840, le Conseil Municipal décide de faire face à la dépense de «reconstruction à neuf » du toit de la « Basse église et du clocher ».

 

Entre 1840 et 1841, après acceptation de son devis par le Conseil Municipal, l’entreprise de maçonnerie Alexandre Lecoustre de Crémarest procède dans la basse église à sa couverture en tuiles, à la construction d’une fausse voûte et à l’ouverture de deux fenêtres à barreaux dans le mur sud (6). 

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Le 9 novembre 1841, le Conseil Municipal veut payer 150 francs à Monsieur Adam de Boulogne-sur-Mer pour des tuiles et demande au sous-préfet d’autoriser le percepteur à utiliser le secours précédemment accordé.

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En 1842, le 14 septembre, le curé de Desvres, Monsieur Le Roy du Royez,  remplit un compte-rendu de visite de l'église à la demande de l'évêque Monseigneur de la Tour d'Auvergne. Il a effectué cette visite d'inspection en présence de l’Abbé Magnier et de six marguilliers, Messieurs Paque, Ternisien ( le président ), Lacheré ( maire ), Serry, Merlin ( trésorier ) et Noël ( secrétaire ).

Voici ses constats :

 « Le corps de l’Eglise et du chœur :  en très bon état

Confessionnal  :  neuf

Sacristie : bien

Linges d’Eglise : bons                              

Ornemens : propres                                     

Vases sacrés : bons                                    

Autels : trois bien tenus, un quatrième dans le sanctuaire à supprimer                                                

Marguilliers de l’intérieur et de l’extérieur :  en règle

Clerc : tout à désirer                                              

Cimetière : bien                                      

Presbytère 

Servante : 34 ans, un peu adesirer

Fonds baptismaux : en bon état                          

Chaire de vérité : décente                              

Sage-Femme 

Magister et Ecoles  : Nous regrettons d’être contraints de faire connaître à son Eminence que parfois L’Instituteur s’enivre et que quand L’idée de boire lui prend, il n’excepte ni le Dimanche ni les jours de classe

Ecole : bien

Vices et abus qui ont lieu dans la paroisse :  Comme dans les communes voisines »

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Le constat architectural ne semble pas alarmant.

                       

La cloche de l’église cassée (1832-1843)

 

On lit, dans les registres des archives de Wirwignes, que le Conseil Municipal vota une imposition le 8 mai 1842 pour « la refonte de la cloche » et on apprend dans l’acte de la délibération que la cloche était cassée depuis 1832. La dépense prévue au devis est de 1108,50 francs. La vieille cloche est estimée à 400 francs. 

Le 11 avril 1843, l’acte de délibération fait état d’« un traité fait avec un fondeur pour refondre notre cloche »

 

En 1906, Joseph Berthelé a retrouvé, dans les carnets de la dynastie champenoise Drouot, célèbre famille de fondeurs de cloches, le marché passé à Wirwignes avec « Joseph Drouot, fondeur patenté, demeurant à Maisoncelles …faisant élection de domicile chez le sieur Beauchamp, aubergiste à Saint-Martin-au-Laërt, près Saint-Omer ». Il s’agissait de « refondre la cloche de l’église de Wirwignes et lui rendre le même poids que celle existante actuellement au clocher du dit Wirwignes » pour la somme de 270 francs : « augmenter la susdite cloche de 200 kilos de métal », garantie : un an, « la fonte de la dite cloche aura lieu à Colembert ».

« La nouvelle de Wirwignes pèse kilog. 550 ; les mabriaux, 4 ½ ; règlement de compte, le 1er septembre. » (7)

La fonte a eu lieu à Colembert en même temps que celle de la nouvelle cloche de l’église de Colembert, Antoinette, elle aussi provenant d’une ancienne cloche cassée et augmentée ( à 630 kilogrammes ). Elle a été bénie le 27 août 1843.

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Elle avait déjà été cassée en 1778. C’est ce que rapportent Daniel Haigneré et Roger Rodière dans leur Épigraphie du Pas-de-Calais ( op.cit. , sur une communication de l’Abbé Delamotte - Archives du Pas-de-Calais, série C ) : « 28 juin 1778. – « A la convocation de J.P. Fayolle, syndic, à l’effet de faire fondre la cloche de Wirwignes qui est cassée, en conséquence nous dits propriétaires et habitans avons traité avec le sieur Fr. Garnier qu’il fondera la dite cloche, fournira toutes les matières nécessaires, moyennant la somme de 200 livres. Ledit fondeur s’engage à la remettre au même poids ou aux environs, de sorte que s’il se trouve du plus ou du moins, les parties s’en tiendront compte ; plus nous susdits sommes convenus par la voie d’un rabais avec le nommé Antoine Gugelot, maréchal ferrant à Wierre-Effroy, qu’il nous rendra la dite cloche sonnante moyennant la somme de 50 livres.»

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En 1843, l’Abbé Cousin rapporte dans le Registre Paroissial : « un accident étant arrivé à la cloche, une souscription fut ouverte dans la paroisse pour en acheter une nouvelle. Monsieur Le Royer, doyen de Desvres en fit la bénédiction le 24 7bre même année. Elle fut nommée Louise Caroline par Monsieur Hubert Cary et Dame Louise Caroline Ternaut. » Louise Caroline, 550 kilogrammes, a été fondue par l’entreprise Drouot à Colembert, en remplacement de l’ancienne cloche (330 kilogrammes ). 

On lit sur la cloche : « Fondue et augmentée en l’an 1843 par la générosité des habitants de Wirwignes sous la desservance de M.Magnier François Alexis, curé, et pendant la mairie de M. Simon Pierre Lacheré, j’ai été bénite par M. Leroy, curé, doyen de Desvres et nommée Louise-Caroline par

M. Pierre Hubert Cary, propriétaire à Boulogne et par dame Louise-Caroline Ternaux, épouse de M. Alexandre Adam, maire de ladite ville. Drouot Fondeur»

L’Abbé Magnier donne les mêmes informations mais précise date et personnes : « sous le pontificat de Grégoire XVI et le règne de Louis Philippe Ier roi des Français M l’abbé Leroy du Royer curé, doyen de Desvres vicaire général de St Cinnati en vertu d’une autorisation de son Eminence Monseigneur de la Tour d’Auvergne, Evêque d’Arras en date du huit mai dernier, a béni, à l’issue des vépres dans l’église, une cloche qui a été nommée Louise Caroline ».

Les informations données par M. Cousin doivent donc être complétées : la cloche Louise Caroline est formée en grande partie par le métal de l’ancienne cloche, et donc ce n’est pas vraiment une nouvelle cloche.

Louise Caroline Ternaux était l’épouse d’Alexandre Adam, maire de Boulogne-sur-Mer de 1830 à 1848. Banquier et négociant, il mena bien ses affaires et fit une carrière politique remarquable.   

Le nom de son épouse est attaché à plusieurs églises, ainsi l’ostensoir de la basilique de L’Immaculée-Conception de Boulogne, offert à l’occasion du baptême de la cloche Notre-Dame, porte l’inscription : « Don de Caroline Louise Adam Ternaux, marraine de la grosse cloche, 1854 »

 

L'abbé Cousin rapporte qu'en 1846 l’Abbé Magnier « nettoya complètement le maître-autel en chêne sculpté qu’on avait eu l’idée de barbouiller au sortir de la révolution de mille couleurs grossières. Le travail réussit et l’autel fut verni tel qu’il est aujourd’hui et le tabernacle surtout fait l’admiration des connaisseurs. »

L’Abbé Cousin signale aussi que la balustrade du chœur « au dire de M. Bouloch architecte de Boulogne aurait aussi beaucoup de prix ». Alphonse Bouloch, Architecte Honoraire des Bâtiments Civils, installé au 7 rue Saint-Louis à Boulogne-sur-Mer, est bien connu : il a été responsable de la première restauration de la crypte de Boulogne-sur-Mer, des plans de Saint-Vincent-de-Paul de Boulogne-sur-Mer, de Saint-Pierre d’Equihen, de L’Immaculée-Conception de Wimereux, de Saint-Pierre-Saint-Paul du Portel mais aussi de l’allée de la colonne de la Grande Armée de Wimille. 

L’Abbé Magnier raconte une histoire un peu différente : « En mil huit cent quarante six, s’imaginant que le moment était propice M le Curé enlevait du sanctuaire » ( c’est-à-dire du chœur ) « un petit autel dédié à St Quentin, Patron de la Paroisse et aussi de chaque côté du dit autel  une quantité de planches qui ne pouvaient que donner moins de prix à ce travail objet de l’admiration de tous les amis des arts. Ayant vu l’heureux effet que produisaient les changements, M Magnier nettoya lui même le dit autel qui se trouvait couvert de peintures diverses et lui ayant rendu, comme à la balustrade, sa couleur de bois, il remplaça le vieux plancher en bois blanc du sanctuaire par des carreaux et de superbes marches en marbre, extrait des carrières de Marquise. »

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En 1848, le clocher est restauré (8).

 

En 1854, Monsieur Ternisien, maire de Wirwignes et l’Abbé Magnier « se concertèrent pour faire construire une sacristie derrière l’Église, il est à regretter que pour élever cette construction, on ait du fermer la moitié de la fenêtre du fond de l’église, ce qui nuira toujours à la beauté et à la régularité de la partie du chœur. » 

L’Abbé Cousin explique que les « 750 francs environ » de travaux et le mobilier furent payés grâce à des dons particuliers « en bois, argent, corvées volontaires » et par la fabrique pour 200 francs.

 

En 1855, une lettre de l’Abbé Magnier à Monseigneur l’Évêque, le 21 juin, demande « des réparations urgentes » sur des infiltrations à un des pignons au-dessus de l’Arc Triomphal. Le Conseil Municipal est alerté le 12 octobre. On propose de réaliser un bardage en tuiles.

Le 5 octobre, Monsieur Magnier, avec l’autorisation de Monseigneur Parisis, bénit « le beau Christ que Madame de Fisset de moyencourt a fait placer sur la tombe de son époux ».

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Le 21 novembre 1856, un chemin de croix est installé. C’est un don de Madame Fisset de Moyencourt. Huit stalles sont installées.

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Le 17 août 1856, l’Abbé Devin, chanoine honoraire d’Arras, Missionnaire Diocésain, bénit « le beau Christ que la famille Merlin- Havart  «  a fait élever sur sa propriété ». Il s’agit de Jacques Antoine Merlin et de son épouse, Marie Louise Havart. Le 21 septembre 1856, les quatorze stations d’un chemin de croix sont installées dans l’église par le Doyen de Boulogne-sur-Mer. C’est un don de Madame Fisset de Moyencourt. Huit stalles sont installées.

Il existe donc quatre calvaires à Wirwignes  : un calvaire paroissial et ceux offerts par Louis Marie Duflos en 1837, Madame Fisset en octobre 1855, placé sur la tombe de son époux et celui de la famille Merlin-Havart en 1856, installé sur sa propriété. 

Monsieur Sansot de Boulogne-sur-Mer propose à la Fabrique d’offrir un terrain situé sur la route de Crémarest pour y bâtir un presbytère et une école de filles mais « la commune refusa d’accepter cette donation à ces conditions et elle n’eut pas de suite. »

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« Le 1er VIIIbre 1857, M. Magnier est nommé curé à Quelmes, Doyenné de Lumbres », il est remplacé par l’Abbé Cousin, anciennement vicaire de Desvres.

 

En 1861, en réponse à l’une des enquêtes paroissiales menées par Monseigneur Pierre-Louis Parisis, évêque d’Arras, l’Abbé Cousin, décrit l’église « telle qu’elle est aujourd’hui », en « deux parties distinctes » : 

  • « le chœur de style ogival XVIe siècle, très élevé et d’après l’appréciation de Monsieur Du Bellier, vicaire général qui a visité cette église, très remarquable » mais la voûte ne lui plaît pas car c’est une fausse voûte ;

  • « la partie basse n’a aucun mérite, restaurée d’une manière inintelligente et pitoyable il y a vingt ans ». Elle fait « mauvais effet surtout les fenêtres petites et mal construites. »

Il décrit aussi une « tour très ancienne, de forme carrée, non terminée, trop basse, aussi mal restaurée que la basse église à la même époque, surmontée d’une campanille insignifiante. »

Il fait ensuite la liste du mobilier :

  • un « maître-autel très ancien en chêne sculpté et très remarquable »,

  • une balustrade en chêne, « très bien sculptée et aussi très estimée des connaisseurs »,

  • une chaire « convenable et assez belle »,

  • un « confessionnal en bon état »,

  • « deux petits autels latéraux entre la basse église et le chœur, lesquels n’offrent aucun intérêt »,

  • huit stalles en chêne, « récemment placées », « sculptées, d’un bel effet »,

  • dans la fenêtre du fond, « un vitrail très ancien »,

  • derrière l'église « une sacristie».

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Le 25 décembre 1863, l’Abbé Paul Amédée Lecoutre est nommé à Wirwignes. Il avait, après sa sortie du Grand Séminaire, été ordonné prêtre le 22 septembre 1855, nommé comme vicaire à Notre-Dame de Calais puis curé d’Agny le 4 janvier 1862. L’Abbé Cousin est nommé, quant à lui, à Audinghen.

L’abbé Lecoutre est installé le 16 janvier 1864.

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En juillet 1864, il est avisé par la fabrique que l’empereur Napoléon III souhaite offrir à l’église un tableau représentant Sainte Marguerite pour le maître autel. Restent à sa charge les frais de transport et d’encadrement. On sait que Napoléon III avait tissé un lien particulier avec Boulogne-sur-mer après son retour d’Angleterre.

Après recherches, il s’agit d’un tableau de Bénigna de Callias que Napoléon III a acheté directement à l’artiste et reçu le 20 août par la mairie de Wirwignes ( Centre National des Arts Plastiques, Ministère de la Culture, notice 1058303 ). Il s’agissait d’une copie de la Sainte Marguerite de Raphaël, conservée au Louvre, qui représente Sainte Marguerite d’Antioche. La pratique de la copie est alors développée : elle permet une meilleure diffusion de l’art et de la culture à une époque où les déplacements sont encore difficiles pour beaucoup et elle permet à l’État de se montrer présent dans les provinces en restaurant les dégâts de la période révolutionnaire dans les bâtiments civils ou religieux. Cette pratique répandue fait qu’il existe aujourd’hui plusieurs copies de ce tableau de Raphaël en France.

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Sainte Marguerite, Raphaël et Giulio Romano, ca 1518, huile sur toile, 178 x 122 cm, Musée du Louvre, Paris

Ils acceptent bien sûr ce « magnifique tableau » et l'Abbé Lecoutre organise en octobre une bénédiction solennelle qu'il raconte dans le Registre Paroissial de Wirwignes :

« Mr le Doyen voulut présider la cérémonie, Mr Cousin, curé d’Audinghen, Magnier, curé de Quelmes, Mr Fourdinier, curé de Crémarest,

Mr Grelen de Wierre, Salche, curé de Baincthun, Winocq, de Belle, Blaquart, curé de Wierre, Duchaussoy, vicaire de Samer, Lecaille, vicaire de Desvres, Fleury, curé de Longfossé assistèrent à cette cérémonie. Mr Lefebvre, curé d’Alinghen y precha avec un talent extraordinaire. Mr Seneca et sa femme, Mr Noël, juge de paix de Calais, rehaussèrent la fête par leur présence. Le tableau fut posé derrière le maître autel. »

(quelques virgules et accents ont été ajoutées au texte pour le confort de la lecture ) 

 

Les personnes présentes, outre les anciens curés de Wirwignes déjà cités, sont intéressantes à décrire pour connaître les relations et l’environnement intellectuel et culturel de l’abbé Lecoutre :

l’Abbé Jean-François Blaquart était le curé de Wierre-Effroy depuis 1822 mais aussi chanoine honoraire d’Arras, il a donc connu Paul Amédée Lecoutre enfant. On peut penser que l’Abbé Blaquart, érudit, amateur d’art, a protégé et favorisé sa vocation. L’Abbé Lecoutre le qualifie de « mon ami » dans le Registre Paroissial et l’a convié à sa cérémonie d’installation à Wirwignes, près de chez lui. 

L’Abbé Blaquart avait acquis de nombreuses œuvres pour décorer son église sur ses deniers ou en échange des fonts baptismaux de l’église demandés par le Musée de Boulogne, comme l’explique Patrick Wintrebert dans son Histoire d’un village du Boulonnais : Wierre Effroy (9). Il est aussi l’auteur de deux ouvrages : La Vie de Sainte Godeleine, née à Wierre-Effroy en Boulonnais, tirée de l’ouvrage latin des bollandistes et d’autres documents historiques (10) et Renseignements historiques, archéologiques, statistiques sur l’église et la paroisse de Wierre-Effroy, doyenné de Marquise (11). Il est reconnu par ses pairs et cité par le Bulletin de la Société Académique des Antiquaires de la Morinie en 1853 (12) et le Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais (13). 

 

Que François Antoine Lefebvre ait été en mesure de composer un prêche brillant, on n’en doute pas : vicaire à Lens puis curé d’Halinghen, il devint chanoine honoraire d’Arras ( comme l’Abbé Blaquart, curé de Wierre-Effroy ). Membre de la Commission des Monuments Historiques du Pas-de-Calais, il est l’auteur de plusieurs ouvrages. On peut lire en ligne trois sur le site lillonum.univ-lille.fr : Les Huguenots et la ligue, au diocèse de Boulogne : esquisse historique (14), La Chartreuse de Saint-Honoré à Thuison près d’Abbeville (15),  Histoire de Notre-Dame de Boulogne et de son pélerinage (16). Il a aussi écrit sur la Chartreuse Notre-Dame-des-Près à Neuville-sous-Montreuil, l’Abbaye de Samer et Saint Wulmer, Sainte Godeleine ( comme l’Abbé Blaquart ). 

 

Nous trouvons donc dans l’assistance deux érudits mais on sait que Monseigneur Pierre-Louis Parisis, évêque d’Arras est lui-même membre correspondant de la Société Académique des Antiquaires de la Morinie.

 

Monsieur Sénéca est Myrtil-Joseph Sénéca, commandeur de la Légion d’Honneur, Avocat Général à la Cour de Douai, Conseiller à la Cour de Cassation, Député et membre du Conseil Général du canton de Desvres, Vice-président du Conseil Général du Pas-de-Calais. Son épouse, Marie Élisabeth Hopf est la fille adoptive du cinquième et dernier baron d’Ordre, Marie Toussaint du Wicquet : celui-ci, sans héritier, avait chargé sa proche parente, de la famille Testu de Balincourt, alliée aux Wicquet depuis Victor, troisième baron, de veiller sur son château à Baincthun.

Ils résidaient au château dont ils entretinrent parfaitement les immeubles et meubles. Le château a connu depuis bien des soucis. Un des historiens du château d’Ordre était Pierre-André Wimet. La famille Wimet a possédé le château du Quenneval pour l'avoir acheté aux derniers Fisset.

Monsieur et Madame Sénéca ont donné des vitraux à l’église de Wirwignes : ceux de Saint Quentin. Ils sont sans doute deux généreux donateurs, qui aideront l’Abbé Lecoutre dans les années suivantes.

 

Mr Noël, juge de paix de Calais est Léon Noël, juge de paix du canton de Calais. Il est aussi membre de la Société Académique de l’arrondissement de Boulogne-sur-mer.

Il semble qu’il ait eu un sens de l’humour prononcé : dans les Mémoires de la Société Académique de l’arrondissement de Boulogne-sur-Mer de 1866 (25),  il figure dans l’article consacré à la « feuille d’Annonces judiciaires, commerciales et avis divers », La Boulonnaise, de 1827 à 1841, comme « l’humoristique M. Léon Noël ». Son compte rendu des audiences du tribunal correctionnel est qualifié de « chroniques d’une touche infiniment spirituelle » (17).  

 

On peut penser que Paul Lecoutre a rencontré Monsieur Noël à Calais quand il y était vicaire mais on peut aussi penser qu’il connaissait quelques membres des sociétés savantes du Boulonnais, peut-être par l’intermédiaire de l’Abbé Blaquart. 

En tout cas on peut remarquer que l’abbé Lecoutre avait déjà un cercle de connaissances important et bien placé dans la société ce qui a pu l’aider par la suite à trouver des donateurs pour l’église et ses travaux. 

Gageons aussi qu’il s’informait ainsi du monde de la culture et de la science. 

 

L’Abbé Lecoutre poursuit les travaux de ses prédécesseurs, en reprenant certains de leurs projets qui n’avaient pas pu être réalisés, et les consigne dans le Registre Paroissial.  

 

En 1865, le chœur et l’avant chœur sont pavés en marbre par l’entreprise de marbrerie Gaudy de Boulogne-sur-Mer. Monsieur Gaudy offre cent francs sur cette facture, en souvenir de sa première communion faite à Wirwignes (18). En 1866, la nef est pavée  (19).

 

En 1867, l’Abbé Lecoutre « réalisant un de ses désirs secret qu’il nourrissait depuis son séminaire » entreprend un pèlerinage en Terre Sainte depuis Marseille et au retour, par l'Italie, la France et La Sallette. 

Ce pèlerinage de trois mois (21 mars au 23 juin 1867) a reçu l’approbation de son Évêque et la charge de l’administration de sa paroisse a été confiée en son absence à l’abbé Fourdinier, curé de Crémarest et quatre professeurs de l’institution catholique de Mgr Haffreingue vinrent célébrer les offices les dimanches et fêtes.

 

C’est en 1869 qu’il note : « Commença la réalisation du plan de réparation, construction et agrandissement de l’église dressé par M. le Curé par l’érection de deux chapelles latérales de la Sainte Vierge jusqu’à l’arc triomphal. » 

Un plan élaboré en six années de présence à Wirwignes, sans doute influencé par ses études, ses lectures, son pèlerinage et par son engagement chrétien dans la ligne fixée par l’évêque d’Arras. 

Ce programme vise à transformer une petite église de village ad maiorem Dei gloriam, pour la plus grande gloire de Dieu

Un de ses enfants de chœur a témoigné « L’abbé Lecoutre n’avait qu’un seul but : la gloire de Dieu et de sa maison, et sa vie quotidienne était réglée en fonction de ces aspirations » (20)

 

Il commence donc par la construction de chapelles latérales à la nef de l’église. Pour les deux premières, il ne dépensa que 902,65 francs, financés par les quêtes et les dons. 

Les cultivateurs aidèrent pour les transports et l’Abbé Lecoutre dirigea lui-même le travail de deux ouvriers et participa aux travaux. C’est ce qu’il note dans le Registre Paroissial : ce sera son modus operandi pour tout son projet. 

 

En 1870, il élève deux autres chapelles à Saint Quentin puis, en 1871, quatre encore, du côté sud. On trouve une plaque dans la troisième travée : « Chapelle construite aux frais de la fabrique 1871 ». En1872, les chapelles du côté sud sont « achevées, plafonnées, vitrées mais non pavées ». 

Il entreprend alors la construction de chapelles du côté nord, organisées et financées dans les mêmes conditions, qu’il achève en 1873. 

En 1873, Victor Jules Vaillant dessine l’église en cours de transformation par l’Abbé Lecoutre. Il a déjà ajouté les chapelles latérales

(vue côté nord) mais la basse église et l’ancien clocher sont encore présents.

Il travaille ensuite à la cohérence de l’église en unifiant les pavements des chapelles et en les décorant :  il lambrisse de marbre rouge le chœur, la chapelle du Sacré-Cœur et de Saint-Joseph, achète des statues du Sacré Cœur, de la Sainte Vierge, de Sainte Anne, de Notre-Dame du Sacré-Cœur, de Saint Joseph et de Saint Quentin. 

 

En 1874, il termine le pavement de la nef. 

 

En 1875, il achève les autels en pierre vergelet. Des globes et des chandeliers sont donnés à l’église. Paul Lecoutre est de tous les chantiers mais il a dû élargir la liste de ses donateurs pour les financer. 

 

Le programme religieux des chapelles qui sont dédiées à la Vierge, au Cœur Immaculé de Marie, au Sacré-Cœur de Jésus , à Sainte Anne et Saint Joachim, à Saint Joseph a transformé l’église dédiée à Saint Quentin en une église de la Vierge Marie.

A l’exception de la chapelle dédiée à Saint Quentin, toutes les chapelles sont dédiées à la Vierge Marie et à la Sainte Famille.

 

En 1876, la nef ayant été élargie par les deux rangs de chapelles sur ses côtés, Paul Lecoutre décide d’agrandir le chœur en déplaçant la rambarde du chœur vers la nef. 

Il allongera la rambarde en sculptant à l’identique les éléments manquants mais il fait d’abord abattre les murs latéraux pour ouvrir la nef sur les nouvelles chapelles.

Il décide ensuite de la surélever pour la mettre à la hauteur du chœur, ce qui avait déjà été envisagé par ses prédécesseurs.

Cet ouvrage est fait à la journée « sous (s)a conduite ». Il « resta une quantité assez notable de matériaux, pierres et briques et surtout pierre de vergelet » que l’Abbé Lecoutre destina à la future construction du clocher. 

 

En 1877, il peint et décore les plafonds et les murs de la nef et ceux de la chapelle du confessionnal. Il modifie la chaire en bois.

Devant l’état de l’église, le Conseil Municipal autorise l’Abbé Lecoutre, le 8 juillet, à contacter l'ingénieur Émile Gérard, de Boulogne-sur-Mer, rédige un devis des travaux à effectuer. 

Le Conseil Municipal s’engage, le 22 juillet, dans un impôt extraordinaire sur cinq ans, pour faire exécuter les travaux préconisés par Émile Gérard. 

L’Abbé Lecoutre garantit le 21 juillet une double souscription pour la construction de la tour et du clocher : l’une de 2500 francs dans la paroisse et l’autre de 5293 francs et sept centimes « auprès de propriétaires étrangers et autres personnes étrangères à la commune ». 

Le 5 octobre, Émile Gérard communique un Mémoire Descriptif et explicatif sur l’âge, le caractère, le style et l’état de conservation de l’église de Wirwignes. 

 

En 1878, l’Abbé Lecoutre sculpte le confessionnal, les lettres en cul de lampe qui supportent les nervures des voûtes, les plafonds des nefs latérales et tous les chapiteaux des colonnes. 

Ses plans du clocher, légèrement modifiés par les architectes diocésains, sont approuvés par le Conseil Municipal. Le 6 octobre, le chantier est adjugé à Jean-Claude Lecoutre par le conseil de fabrique : « clocher, flèche et fenêtres » et l’adjudication est ratifiée le 9 mai 1879 par le Préfet du Pas-de-Calais. 

Malgré des désaccords entre le Maire et la Fabrique et grâce à un secours de 1500 francs du Ministère des Cultes, les travaux commencent. 

 

En février 1880, Émile Gérard fait un point : la maçonnerie du clocher est achevée depuis la fin du mois de septembre 1879, « les travaux, qui ont été interrompus pendant l’hiver, seront repris le mois prochain et terminés en trois mois. ». 

La flèche du clocher est construite en 1880. 

La nef est décorée par des vitraux, commandés et posés par l’atelier de Charles Lévêque, verrier réputé, à Beauvais. 

Paul Lecoutre recouvre les murs d’une mosaïque de marbre en opus sectile (21), recopie le labyrinthe de Saint-Bertin de Saint-Omer en mosaïque (22), peint le chemin de croix et l’arc triomphal, sculpte les statues des pignons des chapelles, les statues de la nef et du chœur et son œuvre majeure, la chaire en marbre qui remplace la chaire en bois  dont on raconte que l’abat-voix se détacha brusquement en manquant écraser l’abbé et lui cassant plusieurs côtes (20).

Il a aussi sculpté et construit la porte et le confessionnal en bois.

 

Tous ses travaux ont profondément transformé l’église. 

Il a opéré des choix en fonction de son programme : ainsi il a gardé ou modifié une partie de l’existant : la pierre tumulaire de Jeanne du Blaisel placée originellement près de la balustrade ( Lettre de l’Abbé Cousin à Monseigneur Parisis )  a été conservée dans la tour du clocher mais celles de Marie Clémente Jeanne Vaultier de Moyencourt et de René François de Fisset ont été déplacées : Madame de Fisset avait acquis une partie du cimetière de cinq mètres de long sur deux mètres de large auprès de la commune, sur la recommandation du conseil de fabrique (23). 

Les nombreuses pierres tombales, comme celles de l’Abbé Louis Marie Deswatines, inhumé le 24 avril 1783 ou celles des l'Abbés Jean François de Beaussart  inhumés le 9 janvier 1731 et le  10 février 1756  ne sont plus visibles. 

Le Christ en croix érigé sur la tombe de son mari en 1841 par Madame de Fisset a été placé au-dessus du confessionnal mais un autre a été relégué à la sacristie ( il est aujourd’hui dans la nef, devant la chapelle du confessionnal ). 

On ne sait pas ce qu’est devenu le chemin de croix posé après la Révolution. 

Le vitrail tant admiré par l’Abbé Cousin n’a pas été retrouvé : dans un article « Étude sur les vitraux du nord de la France », Louis Latteux déplore la perte d’une verrière à Wirwignes et précise : « M. l’abbé Lecoutre, curé de cette paroisse, a en vain fait tous ses efforts pour retrouver les débris d’une verrière, le Christ en croix, enlevé il y a une vingtaine d’années par un vitrier travaillant à cette fenêtre ; mais il a dû se résigner à être privé d’un vitrail qui avait, paraît-il, assez de valeur. » (24)

Le vitrier serait-il intervenu en 1854, au moment de la construction de la sacristie dont l’entrée est située sous la verrière ?

 

(1) Archives Départementales 62 -2O13146.

(2) Archives Départementales 62 – 2O13146.

(3) Archives de Wirwignes.

(4) La fabrique est l’ensemble des biens d’une église. Le conseil de fabrique, jusqu’en 1905, est l’organisme qui les gère et pourvoit aux besoins de l’église. Ses membres sont des notables laïcs.

(5) Archives Départementales 62 – 2O13146.

(6) Archives de Wirwignes.

(7) Joseph BERTHELÉ, Mélanges. Épigraphie gallo-romaine. Sculpture et architecture médiévales. Campanographie ancienne et moderne, page 434, Montpellier, Louis Valat éditeur.

(8) Archives de Wirwignes.

(9) Éditions Histopale, 2010, chapitre V.

(10) Boulogne, Leroy-Mabille, 1844.

(11) Arras, E.Lefranc, 1855.

(12) Bulletin trimestriel de la Société Académique des Antiquaires de la Morinie, 2e année, I et II 1853, Saint-Omer, Chanvin fils.

(13) tome III, Sueur-Charruey, Arras, 1882, pages 219 et 220.

(14) Boulogne-sur-Mer, Berger frères, 1855.

(15) Abbeville, A. Retaux, 1885.

(16) Boulogne-sur-Mer, Mademoiselle Deligny, 1894.

(17) page 181.

(18) Archives de Wirwignes, registre paroissial page 33

(19) Registre Paroissial.

(20) Le Télégramme, 27 mai 1933.

(21) L’ opus sectile, qu’on appelle plutôt de nos jours marqueterie de marbre, est une technique qui consiste à assembler des plaquettes de marbre taillées pour réaliser des décors figuratifs ou géométriques. 
L’opus sectile est considéré comme l’une des techniques de décoration du marbre les plus raffinées et les plus prestigieuses, à la fois pour les matériaux utilisés (parmi les marbres les plus rares et donc les plus chers) et pour la difficulté de réalisation, car il est nécessaire de disséquer le marbre en feuilles très minces pour le façonner avec une grande précision et utiliser les qualités les plus diverses du marbre, afin d’obtenir les effets chromatiques souhaités.
Elle fût très employée dans l’antiquité romaine, au moyen-âge et pendant la Renaissance notamment dans les décors baroques en France. Mais très peu au 19e siècle.
(22) Il s’agit de la reproduction du labyrinthe qui existait dans l’église abbatiale de Saint-Bertin de Saint-Omer détruite pendant la Révolution. 

Le labyrinthe au sol de la Cathédrale de Saint-Omer en est la reproduction en réduction. 

On le parcourait à genoux en récitant des prières et il fallait plus d’une heure avant de parvenir sous le motif de la croix. Ce chemin s’appelait La Lieue, il évoque le dédale de la vie qui veut venir à Dieu, symbolisé par la croix. 

Le dernier dessin qui existait a été acheté par un Lillois, Monsieur Castiaux, en 1840 et a été diffusé dans la presse de l’époque. On peut penser que c’est de cette façon que l’Abbé Lecoutre a pu en prendre connaissance.

(23) lettre du 2 mai 1841 et délibérations du 2 mai et du 8 novembre 1841.

(24) Actes du 47ème Congrès Archéologique de France, 1881 page 337 à 370.

(25) Boulogne-sur-Mer, Charles Aigre imprimeur, 1868.

XXe siècle

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Le 2 novembre 1906, l’Abbé Lecoutre meurt après une chute dans son église et son œuvre s’achève avec lui.

Ses successeurs, Alphonse Sacleux et Alexis Bouly, procédèrent à peu de modifications mais l’Abbé Pierre Baheux fit ériger une reproduction de la grotte de Massabielle de Lourdes dans la chapelle de la Vierge et sa bénédiction eut lieu le 5 février 1928. 

Il célébrait ainsi la guérison de Lucie Caron, jeune Wirwignoise de 19 ans, dont le pied droit était déformé et gênait sa marche au point qu’elle devait utiliser une béquille. Il raconte dans un article de La Croix du Nord et du Pas-de-Calais

« Une quête fut faite chez les principaux fermiers du village, et Lucie Caron put être admise comme malade au pèlerinage diocésain. Pendant le pèlerinage, les Wirwignois se mirent en prière. Le matin, à la messe, nombreuses communions ; l’après-midi, au salut, fervente récitation du chapelet. Quant aux cultivateurs retenus aux champs, ils offrirent à la Sainte Vierge leurs travaux et leur fatigue pour la guérison de Lucie Caron. »

Et à Lourdes, que se passait-il ? Durant les trois premiers jours du pèlerinage, aucune amélioration ne fut constatée. Mais voici qu’au quatrième et dernier jour, au moment où les infirmières vont la plonger dans la piscine, Lucie Caron semble apercevoir « une grande Dame revêtue d’une robe blanche et ceinturée de bleu ». Cette Dame la bénit en traçant un signe de croix, comme font les prêtres à la fin de la messe. La malade est plongée dans l’eau. Aussitôt elle ressent dans le genou une très vive douleur, et son pied reprend la position naturelle. Elle pense qu’elle est guérie, mais ne dit rien. C’est seulement en rentrant à l’hôpital qu’elle déclare la chose à une religieuse. Une enquête est faite ; deux docteurs examinent la jeune fille et la déclarent guérie. Si dans trois mois rien d’anormal ne s’est produit, ils enverront le certificat de guérison miraculeuse. » 

La guérison n’a pas été qualifiée « miraculeuse » par le Bureau des Constatations Médicales et le diocèse de Tarbes mais Lucie Caron a retrouvé une vie ordinaire et, on l’espère, heureuse. Elle se maria à Wirwignes le 1er août 1932 avec François Auguste Jules Poly qui était originaire de Longfossé et tailleur. Ils eurent deux fils : Guy Marie et Jean Marie. Elle a été inhumée dans le cimetière de Wirwignes où on peut toujours se recueillir sur sa tombe, à l’entrée du cimetière rue de l’Église.

L’Abbé Baheux quitta Wirwignes pour Bomy où son installation eut lieu le 23 mars 1939.  

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Au cours du siècle de nombreux travaux de conservation ou de réparation ont été réalisés :

  • 1929 : L’Abbé Baheux fait construire une salle paroissiale, grâce aux 10 000 francs donnés par les souscriptions des Wirwignois.

  • 1932 : Bernardi restaure le chemin de croix.

  • 1933 : Un généreux donateur offre des statues de Bernardi à l’église : celles de Sœur Marie Bernard ( Bernadette Soubirous a été béatifiée le 14 juin 1925 et canonisée le 8 décembre 1933 par le pape Pie XI ), de Saint Jean Marie Vianney, curé d’Ars et du Sacré-Cœur. Elles sont bénies par le doyen de Desvres le 10 décembre.

  • 1934 L’électricité est installée dans l’église.

  • 1941 Réparations de toiture sur l’église et le presbytère ( Registre des délibérations du Conseil Municipal ).

  • 1952 Réparations de toiture et de fausse-voûte.

  • 1954 et 1957 Réparations de couverture ( Entreprise Georges Baude d’Alincthun ).

  • 1960 et 1961 Réparations de couverture de la nef ( Entreprise Wepierre de Desvres ).

  • 1971 Changement de la porte latérale ( Entreprise Joseph Goudalle à Wirwignes )

  • 1981 Réfection de la couverture du clocher et de la nef ( Entreprise Robert Golinvaux de Bertrix en Belgique, architecte Henri Delcourt à Boulogne-sur-Mer )

  • 1982 Restauration des vitraux ( Atelier Claude Barre d’Amiens ) et protection extérieure devant tous les vitraux ( Entreprise Constant Goudalle de Wirwignes ).

  • 1989 Travaux de couverture dans le clocher, réparation du paratonnerre ( Entreprise Bourgeois grâce à une inscription sur une ardoise laissée dans le clocher ).

 

Des objets de l’église sont protégés par deux arrêtés :

  • Arrêté du 6 janvier 1982 Inscriptions comme objets protégés au titre des Monuments Historiques du maître-autel, du banc de communion, des stalles, d’une Vierge à l’enfant, du Christ en croix au-dessus du confessionnal, de la cloche, de deux vases en faïence, des deux dalles funéraires, du mobilier et des statues exécutés par l’Abbé Lecoutre, des vingt-trois vitraux.

  • Arrêté du 20 septembre 1982, le tabernacle à exposition du maître autel est classé au titre des Monuments Historiques. 

XXe siecle
XXIe siecle

XXIe siècle

 

Le 2 mai 2006, l’église en totalité est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. 

Le dossier de l’église a été étudié à un moment particulier de l’histoire des arts où la conservation des sites d’artistes inclassables, novateurs ou « un peu bizarres », prenait un caractère d’urgence avec la disparition des artistes et, pour certains sites, leur destruction. 

C’est ce qu’explique Véronique Molinié dans D’une architecture, l’autre : Les habitants paysagistes et le Musée d’Art Moderne de Lille-Métropole, à Villeneuve d’Ascq (1).

Les arrêtés de 1982 concernaient principalement des objets que Paul Lecoutre n’avait pas créés. Une lettre de Jean-Pierre Blin, Inspecteur des Monuments Historiques pour la région Nord-Pas-de-Calais, en 1993 puis une lettre de Patrick Wintrebert, Conservateur Départemental des Antiquités et Objets d’Art à Jacques Philippon, Conservateur Régional des Monuments Historiques obtiennent un résultat : l’inscription.

Véronique Molinié rapporte le début de la lettre de Patrick Wintrebert, conservée aux Archives du Musée d’Art Moderne de Villeneuve-d’Ascq :

« J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur l’église paroissiale de Wirwignes qui à mon avis mériterait une protection parmi les monuments historiques. L’édifice vaut surtout pour son décor unique en son genre dans le département. Il est l’œuvre du curé Paul-Amédée Lecoutre qui, à l’instar du facteur Cheval, employa quarante années de sa vie à couvrir les murs de mosaïques, à sculpter près d’une centaine de statues et à réaliser le mobilier. »

Les termes du dossier sont :

« La première église fut sans doute bâtie au début du 12e siècle. Jusqu'en 1876 en subsistait une construction appelée "basse église", servant de nef. La base du clocher date peut-être de cette époque. Fin 15e début 16e siècle, un nouveau choeur fut édifié. Au cours du 17e siècle, des modifications sont apportées au clocher. Restaurations de 1812 à 1863. En 1867, après un voyage en Terre Sainte, en Égypte et en Italie, l'abbé Lecoutre souhaite faire de l'église un catéchisme monumental permettant aux paroissiens d'appréhender la Bible à travers son mobilier et sa décoration intérieure. Le projet est exécuté à partir de 1869. Huit chapelles latérales sont créées le long de la "basse église" détruite en 1876. Le clocher fut surélevé d'un niveau ; une flèche vint le couronner en 1879-1880 sur les dessins de l'ingénieur Emile Gérard. En 1882, pose de nouveaux vitraux. Durant l'Entre-deux-guerres, la chapelle de la Vierge se transforma en grotte de Lourdes avec faux rochers réalisés en ciment armé. Cet édifice est un jalon essentiel de la genèse de l'Art naïf qui explosera au 20e siècle. »

L’arrêté considère :

« Considérant que l’église Saint-Quentin de Wirwignes présente un intérêt du point de vue de l’histoire et de l’histoire de l’art, suffisant pour en rendre désirable la protection comme une œuvre d’art totale, création originale de l’abbé Lecoutre, et un édifice pionnier dans l’émergence de l’Art naïf en France dans le dernier tiers du XIXe siècle » ( Arrêté D6324 )

Le dossier de protection complet et l’arrêté sont consultables uniquement à la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie de Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).

 

D’autres travaux de conservation furent réalisés par les municipalités successives : 

 

  • 2001 et 2004 Réfection du paratonnerre et mise à la terre ( I.N.D.E.L.E.C. Étaples ).

  • 2002 Électrification de la cloche (Entreprise Bodet Campanaire de Villeneuve-d’Ascq).

  • Révision de l’installation électrique ( S.O.C.O.T.E.C. Diagnostic de Coquelles ) puis mise aux normes ( Entreprise Gérard Prudhomme de Desvres )

  • 2018 Mise en conformité du coffret électrique de la cloche ( Entreprise Bodet Campanaire de Villeneuve-d’Ascq ).

 

En 2022, un diagnostic est établi par Éric Barriol, architecte du patrimoine à la demande de la Municipalité, alertée par des chutes de plâtre, des infiltrations d’eau et d’autres signes de dégradation. Une synthèse de ce diagnostic est présentée sur notre page Conservation et restauration.

 

En 2023, un diagnostic complémentaire des fondations est réalisé. 

A l’issue de ces diagnostics, un programme de travaux devra être défini et financé.

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L’église fait partie actuellement de la paroisse de Notre Dame des Ardents en Boulonnais, et seules quelques messes y sont toujours célébrées dont la messe de Noël, ainsi que les cérémonies locales de mariages et obsèques.

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(1) « Art, architecture, paysage ». Programme interdisciplinaire de recherche, sessions 2004 et 2005, page 17.

Françoise Robin - Mabriez
Docteur ès-lettres

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